Château
de Murol

Le nom de la forteresse de Murol en Saint Amant apparait dans les archives au cours du XIIIème siècle. La tradition rapporte qu’elle était occupée par des chevaliers templiers, sous le nom de «château de l’église», l’église du village étant alors incorporée dans ses murs.

La localité s’appelait à l’époque Saint Amant la Cheyre et était l’un des fiefs de la puissante famille des La Tour d’Auvergne, comme l’étaient de nombreux villages alentours. Des familles vassales des seigneurs de la Tour d’Auvergne avaient pour habitude d’y établir de vastes maisons fortes, désignées sous le nom de château.  Saint Amant en abritait trois: Murol, La Barge et La Tour Fondue.  Ces trois châteaux existent toujours. Leur représentation, sous forme de trois tours, constituaient et constituent encore les armoiries de la ville.

La découverte récente de peintures murales du XIIIème siècle, dans le chœur de ce qui reste de l’église, confirme l’ancienneté de la construction.

Les Murol
(XIII-XVème siècle)

La maison forte de Murol entre dans la famille de Murol en 1347 avec le mariage de Randonne de Panhac et d’Amblard de Murol.

Une première illustration apparait en 1450, dessinée depuis la rive sud de la Monne par le héraut d’armes d’Auvergne, Guillaume de Revel, dans son Armorial pour Charles de Bourbon. On y voit le village avec en son centre un ensemble composé de l’église primitive et de la maison forte de Murol. Le croquis est visible à la Bibliothèque Nationale aux Manuscrits Français (n° 22 297-folio 2100).

Le seigneur Guillaume de Murol (1350-1440), fils d’Amblard, restaure le château. Il laisse un inventaire en 1411 «des meubles de l’oustal de Saint Amant» et une description dans laquelle on retrouve la disposition de certaines pièces du rez-de-chaussée et du premier étage, inchangées aujourd’hui. Les armoiries de Murol figurent sur la clé de voûte de l’une d’elles au rez-de-chaussée. On les retrouve aussi sur un contrefort de la façade sud du château.

Guillaume de Murol lègue le château à son fils Jean (1386-1458) qui lui-même a deux fils, Guyot et Bertrand.  Ils deviennent successivement seigneurs de Murol mais meurent  sans postérité.  En 1482, le nom de Murol disparait avec eux.

Les seigneuries reviennent alors aux deux filles de Jean.  L’aînée, Jeanne, épouse Gaspard d’Estaing et conserve le grand château de Murol du Chambon où elle s’installe.  La cadette, Dauphine, hérite de Murol en Saint Amant qu’elle apporte à son mari, Annet de Damas d’Aubière.

Des Damas d’Aubière aux Canillac
(XVIème siècle)

D’Annet de Damas d’Aubière, sans héritier mâle, la seigneurie passe à son gendre, Charles de Montmorin, puis à son petit-fils, Annet de Montmorin, gouverneur du Bourbonnais.

La trahison du connétable de Bourbon entraine la confiscation au profit du Roi de tous les biens du connétable et de ceux de ses proches dont Annet de Montmorin.  Une grande partie sera réattribuée plus tard au connétable de Montmorency.

Comme beaucoup d’autres maisons fortes au XVIème siècle, celle de de Murol en Saint Amant va subir les assauts des révoltes, des occupations seigneuriales irrégulières liés également aux troubles des guerres de religion, durant lesquelles les habitants du village feront construire un mur d’enceinte dont on peut voir encore une partie sous les murs du château.

En 1582, le fief de Murol en Saint Amant est attribué par le connétable de Montmorency à l’un de ses proches, Jean de Beaufort Montboissier, marquis de Canillac.

C’est à ce dernier qu’Henry III confie la mission en 1586 d’arrêter sa turbulente sœur, Marguerite de Valois, dite «La reine Margot».   La reine Margot passe environ deux semaines  à Saint Amant en octobre et novembre 1586 avant d’être conduite au château d’Usson près d’Issoire.  Il y a tout lieu de penser qu’elle fut hébergée pendant son séjour par son gardien, alors propriétaire du château de Murol en Saint Amant.  Le marquis donne en dot le château à sa fille Charlotte qui épouse François de Montmorin puis Gaspard Le Loup.

Les Bouchard et les La Tour Fondue
(XVI-XXème siècle)

En 1629, Annet Bouchard, Conseiller au Présidial d’Auvergne, rachète la maison forte de Murol à son beau-frère, Jean II Laville, Conseiller du Roi et Receveur Général des Finances.  La maison est reprise dans un état d’abandon «sans portes, ni fenêtres».  Annet Bouchard la restaure et l’embellit.  Son arrière-arrière-petite-fille, Gabrielle Bouchard de Murol, épouse en 1735 son voisin, Claude Cousin, seigneur de la Tour Fondue, qui devient alors seigneur de Murol et de la Tour Fondue.

Le petit fils de Claude, Jacques Guy de la Tour Fondue, épouse en 1790 Lucie Madeleine d’Estaing, nièce et filleule de l’Amiral d’Estaing.  Ils ont onze enfants.  L’ainée, Elisabeth de la Tour Fondue, se marie en 1818 avec Martial Giscard.  Il était prévu que son petit-fils Théodore hérite du château.  Mais c’est en définitive un de ses cousins germains, Anatole de la Tour Fondue, qui le reprend en 1875.

Au cours du XIXème siècle, une confusion a souvent été faite entre deux des châteaux de Saint Amant.  Le château de la Tour Fondue, situé en haut du village, acheté au milieu du siècle par les familles Besse et Charreton, et le château de Murol, situé en contrebas, mais occupé par les membres de la famille La Tour Fondue et rebaptisé de ce même nom par Anatole, dont l’empreinte est particulièrement visible.

Anatole de la Tour Fondue est en effet à l’origine de la transformation radicale de la «maison forte» de Murol en «château».

Sous la conduite d’un élève de Viollet Le Duc, l’architecte Bruyerre, il entreprend des travaux d’une envergure exceptionnelle, d’inspiration néogothique-romantique, dans le goût de l’époque: surélévation d’un étage, transformation des tours en tours à poivrière, nombreux aménagements décoratifs -passerelles en balustrade, échauguettes, chapiteaux, arches crénelées, grotte, souterrain, cuvage…

Une nouvelle église ayant été construite à Saint Amant, l’ancienne qui faisait partie de l’ensemble seigneurial de Murol est désaffectée.  On parle alors du «Château La Tour Fondue» car Anatole de la Tour Fondue a mis ses armes partout à l’extérieur en remplaçant celles de la famille de Murol.

Après ces travaux ambitieux, dans lesquels il engloutit l’essentiel de la fortune de sa femme, Constance de Robin de Coulogne, il décide en 1907 de s’exiler avec ses enfants au Canada où il mourra en 1918, laissant son projet inachevé et le château vide à l’abandon.

Son fils Jean meurt au combat en 1915, (son nom figure sur le monument aux morts de Saint Amant Tallende), ses filles, Gabrielle et Marie Thérèse, héritent alors du château.  Avec leur accord, il est mis à la disposition des troupes américaines en 1917-1918.  Elles le cèdent en 1921, lourdement hypothéqué, «en état complet d’abandon», à leurs cousins, René et Edmond Giscard, petits fils de Théodore Giscard, qui lui redonnent vie.  Quelques années plus tard, ils obtiennent du Conseil d’Etat, le droit relever le nom de leur arrière-grand-mère, Lucie Madeleine d’Estaing, nom tombé dans l’oubli avec la disparition de cette dernière en 1844.

La famille Giscard d’Estaing en est toujours propriétaire.  Ses représentants actuels descendent des Murol, des Bouchard, des La Tour Fondue et des Estaing.  Ils ont redonné au château son nom d’origine: «Murol en Saint Amant».

Armoiries

Murol

(famille éteinte vers 1490): d’or à la face ondée d’azur.

Estaing

d’azur, à trois fleurs de lys d’or; au chef de même. Devise «Sic me mea facta decorant» (C’est ainsi que mes faits me récompensent) ou «Ex sanguine meo lilia crescunt» (De mon sang, jailliront des lys).

Bouchard

(famille éteinte en 1799): d’azur, au chevron d’or, accompagné de deux roses d’argent et en pointe un croissant de même.

Cousin de La Tour Fondue

(famille éteinte en 2000): de gueules à deux mains jointes d’argent. Devise «Fides exercituum» (La foi des armées).

Le château est ouvert à la location de mai à octobre pour tous types d’événements : séminaires, réceptions, mariages, expositions, conférences, défilés…
Renseignement à l’accueil ou contact : murolensaintamant@orange.fr /04 73 19 96 11